INNOVATION – ANIMA et la Commission européenne mobilisent les clusters sur les chaînes de valeur euro-méditerranéennes
Publié le 23 décembre 2024
Le réseau ANIMA et le projet Euromed Clusters Forward ont réuni leurs partenaires lors d’un événement de deux jours à Marseille, les 4 et 5 décembre 2024. L’objectif était de faire un point d’étape sur le renforcement des chaînes de valeur régionales en Méditerranée Le sujet gagne en effet en importance et constitue une réponse au besoin de souveraineté économique qui s’est fait jour pendant la crise sanitaire, et à la recherche d’une neutralité carbone.
Le bassin méditerranéen, grâce à sa position stratégique et sa compétitivité, est apparu comme une zone clé pour bénéficier d’une distribution des investissements productifs dans le monde, au plus près des bassins de consommation. Les chaînes de sous-traitance entre rive nord et rive sud ont vocation à se renforcer pour adresser les deux grandes zones de libre échange continentale européenne et africaine de part et d’autre de la méditerranée.
Jour 1 : Panels Stratégiques et Dialogues Collaboratifs
La conférence du premier jour, sur invitation dans les locaux de la métropole Aix-Marseille-Provence, réunissait les membres du réseau ANIMA (agences en charge des questions d’attractivité, d’export, de développement économique, associations d’entreprises) et les clusters associés dans le projet Euromed Clusters Forward.
Les partenaires co-organisateurs ont accueilli les participants et ont permis d’introduire les débats: Vincent Languille, Conseiller métropolitain en charge de l’international; Julien Chenivesse, Délégué interministériel adjoint pour la Méditerranée (France); Tarak Chérif, Président de ANIMA.
Lilia Naas, cheffe du bureau Afrique du Nord chez International Trade Center a ensuite fait une intervention de cadrage qui a montré le potentiel inexploité de l’intégration commerciale entre l’Europe et le sud de la Méditerranée (103 Md€!), et entre les pays sud méditerranéens (18Md€). Elle a ensuite pointé les défis qui freinent ce potentiel mais présentent également des opportunités à saisir :
- la recrudescence du protectionnisme, alors que la méditerranée est à l’interconnexion de plusieurs zones de libre échange continentales
- l’écart de l’âge médian (44 ans en Europe contre 18 en Afrique) qui crée un appel d’air migratoire vers le nord avec des conséquences politiques et sociales, alors que cette main d’oeuvre qualifiée en Afrique est un gisement de compétitivité pour l’Europe.
- La crise climatique pour laquelle la Méditerranée est en première ligne mais ouvre dans le même temps un champ de besoins qui appelles de nouveaux métiers, secteurs, entreprises.
Le premier panel a permis de faire un état des lieux dans les différents pays de la méditerranée sur la réalité de la dynamique de régionalisation des chaines de valeur. Mme Radwa Kamouna (Egypte, GAFI), Mme Assia Ben Saad (Maroc, AMDIE), M. Hammadi Abderrezak (Algérie, AAPI) et M. Christophe Perez (France, Provence Promotion) ont présenté les tendances sectorielles et la nature des projets d’investissement récemment constatés dans leur pays. Cela a permis de confirmer la dynamique des secteurs qui touchent à la transition environnementale, et le positionnement à l’export de nombreux projets récemment implantés en Afrique du Nord pour cibler le marché européen, et inversement.
Le second panel traitait de la mise en place de stratégies communes de promotion et de marketing entre pays pour renforcer ces chaînes d’approvisionnement régionales. Il réunissait Vasso Kyrkou (Enterprise Greece), Atef Jamoussi (Tunisia Investment Authority), Nathalie Farrugia (Malta Enterprise) et Lionel Flasseur (One Provence, France). Il a permis de mettre en lumière l’importance de la perception de l’image dans la décision d’investissement (30%). Dans ces conditions, la nécessité de capitaliser sur les perceptions positives de la région (qualité de vie, climat, etc.) pour créer une image globale qui transcende les pays est apparue importante. Dans le même temps, un travail de fonds est à entreprendre pour promouvoir l’excellence des entreprises au sein de chacun des pays de la zone Euromed, afin que des complémentarités se mettent en place. Les intervenants ont aussi appelé les institutions européennes à mieux intégrer les PME dans la stratégie Global Gateway afin que ces dispositifs contribuent à l’intégration et à l’émergence d’offres industrielles euro-méditerranéenne.
Jour 2 : Engagement Public lors de la Conférence SOFT
La deuxième journée, la conférence d’ANIMA se poursuivait dans le cadre de SOFT, un grand événement organisé par Rising Sud pour promouvoir les transitions environnementales et sociales des entreprises. Cette participation permettait d’une part de valoriser l’impact positif pour l’environnement d’une plus forte intégration des chaînes de valeur dans un espace régional méditerranéen, et d’autre part de sensibiliser les entreprises françaises participantes à la compétitivité et la qualité de l’offre industrielle sud méditerranéenne.
En introduction, Mme Mbarka Bouaida, Présidente de la Région Guelmin Oued Noun a mis en valeur le fort engagement du Maroc et de sa région sur la transition environnementale, tandis que M. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français et Président de la Fondation Prospective Innovation, traditionnellement grand promoteur des relations avec la Chine, a souligné la nécessité de redéployer des chaînes de valeur locales et régionales avec les voisins d’Afrique du Nord.
Mme Sonia Fernandez (Amec, Espagne), Mme Fatima Zahra El Khalifa (Cluster ENR, Maroc), Mme Meryem Rachdi (Moroccan Denim and fashion cluster) et M. Hichem El Merini (Africalink, France), ont montré les complémentarités qui existent entre pays, et les intérêts respectifs, tout en regrettant que les européens soient encore timides dans leur engagement avec l’Afrique du Nord, et priorisent des destinations plus lointaines. Les clusters, pôles technologiques, sont des réseaux qui contribuent à faciliter les partenariats car ils représentent l’industrie à plus forte valeur ajoutée des pays.
Hervé Martel, Président du Grand Port Maritime de Marseille, a souligné l’impact transformateur de la transition énergétique sur les routes commerciales méditerranéennes, envisageant un avenir porté par l’hydrogène et l’électricité.
Olivier Darrasson, Président du Club des Investisseurs de Méditerranée du Futur, a expliqué comment un partage de valeur pouvait s’opérer sur des projets transfrontaliers dans les domaines des énergies renouvelables, de la gestion de l’eau et de l’innovation numérique, notamment l’initiative de production de panneaux solaires Carbone.
Les représentants du gouvernement français Julien Chenivesse et Frédéric Cholé ont souligné l’importance stratégique de la Méditerranée dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée et ont présenté des outils tels que le Fonds Maghreb géré par Bpifrance pour soutenir les entreprises françaises dans la région.
En conclusion, Tarak Cherif, Président d’ANIMA, a exhorté les entreprises françaises à inverser le déclin des investissements européens dans l’industrie en Afrique, tandis qu’il constate chaque jour de nouveaux projets des acteurs chinois dans la localisation des installations manufacturières. Il a également interpellé les représentants de l’Etat français pour encourager cet engagement européen.
Remerciements
Le réseau ANIMA et Euromed Clusters Forward tiennent à exprimer leur gratitude à tous les participants, intervenants et partenaires, notamment la Commission européenne (DG NEAR représentée par Irene Salvoni), la Métropole Aix Marseille Provence, Rising Sud et le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur. Leur collaboration a permis d’organiser un événement prestigieux et impactant, faisant avancer le dialogue sur les chaînes de valeur régionales en Méditerranée.